Alpine A310 Monté-Carlo 1975 Jean-Luc Thérier

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Retour sur l’épopée « Jean-Luc Thérier »

Jean-Luc Thérier, dit Le Fox, né le 7 octobre 1945 à Hodeng-au-Bosc (Seine-Maritime), est un pilote de rallye français qui a remporté trois fois des titres de champion de France au classement général, ainsi qu’une Coupe de France.

Âgé de 21 ans, il débuta sur des véhicules de type Citroën en 1966 (vainqueur alors des Rallye de Foucarmont (Citroen 11 BL) et de Gournay (Citroen Dyane 6), puis R8 Gordini (1100 puis 1300 cm3).

Il fut considéré par les siens (à titre honorifique, car le titre officiel ne sera créé qu’en 1979) comme le premier champion du Monde pilote de rallye en 1973 sur Alpine Renault (sur décompte officieux des points 1973, avec 3 victoires et 2 troisièmes places).

FB_IMG_1555879693671En 1974, il remporte le Rallye Press on Regardless américain (ou P.O.R. de DétroitMichigan), avec pour copilote le belge Christian Delferrier, sur Renault 17 Gordini.

Il a également à son actif des épreuves sur circuit, notamment aux 24 Heures du Mans à quatre reprises, en 1967, 1968 (terminant 10e avec Bernard Tramont sur Alpine A210 Renault-Gordini 1.3L I4), 1969 et 1977 (il fut ainsi vainqueur du Trophée Rallye Chinetti en 1967 (créé en 1966 pour récompenser de jeunes pilotes français), et 1erau Rendement Énergétique en 1968)1, sur des Alpine.

Il est aussi le vainqueur de 14 courses de côtes nationales, en groupe GT ou GT Spéciale, sur Alpine A110.

N’étant pas un grand adepte des parcours de reconnaissances avant les épreuves, il affectionnait les courses dites « à l’aveugle », comme par exemple au R.A.C..

Jean-Luc Thérier a été victime d’un grave accident lors de la troisième étape du Rallye Paris-Dakar 1985 alors qu’il était en passe de réaliser le meilleur temps de la spéciale à bord d’une modeste Citroën Visa 1000 Pistes. Cet accident mettra un terme à sa carrière.

Retour sur l'épopée

Pour beaucoup, Jean-Luc Thérier a été sans conteste, le meilleur pilote de Rallye que l’on ait connu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Mieux que ses 4 titres de Champion de France (1973, 1979, 1980 et 1982), le Championnat du Monde Constructeurs 1973 avec Alpine-Renault et l’honorifique (et officieux) titre de champion « Pilotes » – la FIA a créé cette « couronne » en 1977 -, Jean-Luc Thérier a, surtout, été le premier et le seul rallyman à être unanimement reconnu par ses pairs européens dès 1970. » (Jean-Luc THERIER : Le temps des copains », auteur : Jacques Lambert, édition : Editions du Palmier)

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Article dans le numéro 200 de la revue Echappement :

Sens de l’improvisation

Tout le monde, à commencer par ses adversaires, a toujours considéré Thérier comme le plus doué de tous. Parce qu’il était le plus spectaculaire. Parce qu’il réussissait des performances époustouflantes, pratiquement sans reconnaître :

«A l’inverse des Scandinaves, les pilotes français reconnaissent beaucoup trop, dit-il. Ça ne sert à n’en. Deux passages, trois si c’est une spéciale qu’on n’a jamais vue, suffisent largement. Il vaut beaucoup mieux être en forme et ne pas se saturer de kilomètres de recon- naissances afin de garder l’envie de courir et d’attaquer. Regarde Andruet au Monte-Carlo avec la Visa: il a fait des super temps, et pourtant il avait très peu re- connu. Il faut savoir faire des bonnes notes du premier coup d’œil : le canevas, l’enchaînement des virages les uns par rapport aux autres compte beaucoup plus que les vitesses de passage. Et il faut surtout bien se concentrer dans les parties rapides. »

Souvent, dans les rallyes de championnat du monde, Thérier ne reconnaissait même pas du tout. Il empruntait les notes d’un concurrent et partait à l’attaque. Ça marchait très bien ainsi. En 1973, l’année du titre mondial d’Alpine, à une époque où cela paraissait inimaginable pour un pilote français, Thérier a même été en tête du fameux RAC. Il faut dire qu’il s’agit du seul rallye à parcours secret du championnat du monde et que Jean-Luc est quasiment imbattable dans ce style d’épreuves. La même année, et toujours au volant d’une berlinette, il termina troisième du rallye de Suède…

« C’est peut-être mon plus beau souvenir, dit-il. Je n’avais pas reconnu du tout. C’était le surlendemain de mon mariage. J’ai emprunté les notes de Jean-Pierre Nicolas en priant le ciel pour qu’elles soient précises, car cette année-là, les organisateurs avaient interdit les pneus à clous. Et sur la berlinette, pas question de tirer le frein à main car il agissait sur les roues avant! Inutile de te dire que, quand tu partais en sous-virage, tu ne l’arrêtais plus, l’Alpine ! Vers le milieu du rallye, on était alors 3° du général, on s’est fait une super sortie de route. Il y avait une série de bosses à fond. J’étais à 180km/h sur la neige: sans pneus à clous, ça commence à faire très vite. Derrière une des bosses, il y avait un virage serré. On a tiré droit dans la forêt en essayant d’éviter les arbres. Quand l’auto s’est enfin arrêtée il y avait juste une roue avant pliée dessous. On a enfilé un écrou en guise de rotule. La roue se baladait et l’Alpine était très difficile à piloter ainsi, mais on a continué à attaquer. Bien qu’à l’assistance, Jacques Cheinisse nous a demandé d’arrêter par sécurité. J’ai dit à Marcel(Callewaert): «accroche-toi Cécel, ça pourrait faire mal. » Ça a tenu jusqu’au bout et on a réussi à conserver notre troisième place ! Qu’est-ce qu’on était heureux!»

Ses débuts

L’enfance de Jean-Luc Thérier a eu pour cadre la vie tranquille et simple de Neufchatel en Bray, en Normandie. Malin comme un singe, adroit comme un chat, Jean-Luc a vite eu un regard passionné sur les voitures que vendait son père, concessionnaire Citroën. Un papa pas contrariant puisqu’a 15 ans, Jean-Luc a déjà commencé à courir… au volant d’un kart.

En 1966, il a vingt et un ans et cinq saisons de glisse et d’attaque derrière lui. C’est l’époque où le trio Makinen – Hopkirk – Aaltonen enlève tous les rallyes internationaux au volant des étonnantes petites Cooper S. En Formule 1, le règne de Jim Clark va être interrompu par les invincibles Brabham-Repco, tandis qu’aux 24 Heures du Mans, Ford avec ses surpuissantes 7 litres empêche Ferrari d’enlever une septième victoire consécutive. 1966, c’est aussi l’année de la Lamborghini Miura. En France, deux ans après, Beltoise, Pescarolo,Jabouille, Cevert débutent en circuit. En rallye, Larrousse, Andruet et Piot commencent à se faire un petit nom, dans l’ombre des deux rois de l’époque, Jean Rolland et René Trautmann. Darniche et Nicolas, encore totalement inconnus, font leurs premiers pas en tant que… co-pilotes, Thérier, bien sûr, va bientôt faire partie de ces futurs «grands» et cela grâce à une nouveauté qui fait l’effet d’une bombe dans le milieu des passionnés d’automobile…

34453396_1994292150831604_680461040323919872_o…l’année de la Gorde

Avec ses 70 chevaux et ses 170 km/h, la R8 Gordini fait figure de monstre. Un monstre à la portée de toutes les bourses, qui va permettre à toute une génération de pilotes de tenter leur chance. Jean-Luc convainc sa mère d’en commander une… en cachette du père (car il s’agit d’une Renault, et chez les Thérier, on vend des Citroën !).

« J’ai raconté à mon père qu’on me l’avait prêtée, mais bien sûr, if a fini par connaître la vérité et ça a fait une drôle d’histoire: « débrouille-toi avec ta poubelle, mais je ne veux pas la voir au garage », m’a-t-il dit!»

Jean-Luc participe à sa toute première course automobile, le rallye des Lions, où il termine 6° du classement général, et surtout, premier des «aspirants». Conquis, Monsieur Thérier père acceptera dès lors de voir son fils bricoler la R8 dans un coin du garage, et lui donnera même un coup de main!
En même temps qu’elle a présenté la R8 Gordini, la Régie Renault a créé la «Coupe» Gordini: une série de courses sur les différents circuits français, avec des R8 Gordini de série. Lorsque JeanLuc s’inscrit à la course de Reims, en juin, trois ou quatre épreuves ont déjà été disputées, dominées par des inconnus. qui vont bientôt cesser de l’être, et qui s’appellent Jabouille, Jarier, Mieusset, Fiorentino, Andruet, Dayan …

«C’était formidable, raconte Thérier, à l’époque on courait en blue-jean et en chaussure de ville. Mon auto me servait aussi bien pour rouler tous les Jours que pour faire des rallyes ou des épreuves de la « Coupe ». Avec des copains, on fonçait voir le départ des 24 Heures du Mans à cinq dans fa R8, et dans la nuit on revenait à Neufchateh pour le bal. J’arrêtais pas ! A la fin de l’année, ma Gorde avait plus de î 00 000 kilomètres. Elle m’a quand même permis de finir troisième à la finale de la «Coupe»… »

Une place très prometteuse qui ouvre à Thérier les portes de la sélection pour le Trophée Chinetti (réservé aux meilleurs espoirs, avec un engagement aux… 24 heures du Mans pour les deux meilleurs!). Et là, Jean-Luc est devant tous les autres. Ce qui va lui permettre, dès sa deuxième saison, de faire Le Mans où, avec François Chevalier (aujourd’hui directeur du circuit Paul Ricard), il prend la tête de l’indice avant de casser (il le remportera l’année suivante…).

C’est à cette occasion qu’il rencontre pour la première fois Jacques Cheinisse, le directeur sportif d’Alpine:

«Cheinisse a tout de suite compris que je préférais les rallyes et ce jour-là, H m’a promis qu’il me prêterait une voiture d’usine à l’occasion d’un rallye… »

66648991_726505804448126_2439651091822936064_nEn 1967, Jean-Luc Thérier sort pour la première fois de sa chère Normandie pour aller faire le Tour de Corse. Il tape, mais il a eu le temps de se faire remarquer en prenant la tête du groupe 1. Quelques mois plus tard, Jacques Cheinisse se souvient de sa promesse et lui confie unedesR8Gordinidu service compétition pour le rallye Lyon-Charbon- nières 1968 où il termine quatrième du général, derrière Andruet, Chasseuilet Maublanc, et premier du groupe 1, réalisant même deux temps scratch au passage! Alors Cheinisse lui confie à nouveau une voiture à l’occasion du Critérium des Cévennes en fin d’année… et là encore, Thérier enlève le groupe 1, de haute lutte avec deux autres gordinistes doués, Jean-Claude Lefebvre et Jean-Claude Sola. Du coup, Cheinisse lui propose de participer au Monte-Carlo : Thérier gagne le groupe 1, finissant à une magnifique cinquième place du classement général. Un fameux exploit l

Champion du monde

Cette fois, plus aucun doute possible sur les dons exceptionnels de ce jeune Normand, Cheinisse n’hésite plus: profitant de la double désertion de Larrousse et Piot, l’un pour Porsche, l’autre pour Ford, il propose à Thérier un contrat de trois ans. Le salaire est modique(1000 francs par mois, un peu plus que le smig de l’époque) mais désormais, Jean-Luc est professionnel.

Il restera chez Alpine jusqu’à la fin. Jusqu’en 1975 où Alpine sera repris par RenaUlt. Il passera de la R8 Gordini durant toute la saison 1969 à la berlinette Alpine à partir de 1970. L’apogée de cette période se situe bien entendu en 1973, l’année du titre mondial d’Alpine. Les mousquetaires sont quatre et s’entendent comme larrons en foire, au point de partager leurs prix entre eux, quels que soient les résultats de chacun. Il y a Andruet dit «la panique», Darniche dit «la luge» (parce qu’à l’époque il était chauve), Nicolas dit «Jumbo», etThérier dit «le fox». Jean-Luc contribue largement au titre mondial en enlevant, pour sa part,fes rallyes de l’Acropole,id’ltalieet du Portugal, en finissant 2~ au Monte Carlo, 3® en Suède et au Maroc ! II remporte du même coup un titre de Champion de France des rallyes et si le titre mondial «pilotes» avait existé (il ne sera créé qu’en 1977), c’est Thérier qui aurait été Champion du monde des rallyes en 1973…

Durant les deux années suivantes, Thérier courra encore au volant de Renault 17 et d’Alpine A 310, avant que Renault ne mette fin à toute cette belle épopée en dispersant l’équipe rallye, pour se tour- ner vers les protos.Ses 24Heures du mans et bientôt la formule 1. Darniche passera chez Fiat, Aandruet Alfa Roméo, Nicolas Opel. Cheinisse luinoiera sa nostalgie des années incomparables dans uneautre activité automobile thérieraprès dix saisonsde fidélitéà firme française acceptera proposition toyota.

Mercenaire

La deuxième décennie de la carrière de Jean-Luc est beaucoup plus décousue. Passant d ‘une marque à l’autre notamment avec Toyota, de longues périodes de malchance (jalonnées d’exploit, et d’un titre de champion de France des rallyes sur terre en 1980). Il court désormais en indépendant, en mercenaire. On le verra sur Porsche, Autobianchi, Volkswagen, Renault (encore un titre national en Renault 5 Turbo en 1983), Citroën enfin. Il se partage entre son garage de Neutchatel où il a pris la succession de son père et les rallyes refusant pour cela des propositions alléchantes mais trop astreignantes ses yeux.

De tout temps, Jean-Luc a limité ses reconnaissances au strict minimum, préférant rester chez lui en Normandie, à vendre des voitures (le commerce le passionne), à jouer aux cartes et aux dominos avec ses nombreux copains ou simplement être auprès de Jacqueline et Nicolas. Une vie simple et tranquille. Jean-Luc est ainsi : beaucoup de simplicité et de bon sens. Pas moindre soupçon de frime. Il rit beaucoup, prend la vie du bon côté (même si ces derniers temps, il a beaucoup pleuré seul dans son coin). Il est aussi capable d’être très dur avec ceux dont il n’aime pas le comportement et les paroles.

Bref une forte personnalité pleine d’intelligence, de ruse, de chaleur et d’humour. Jean Luc n’est une star ! Tout le monde l’aime dans son village. Cela lui suffit !

A visionner :

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A lire :

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Echappement Classic l’a fait : rétrospective très complète de la carrière de Jean-Luc THERIER, Hors Série n° 1 sorti le 24 janvier 2013 :

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Différents sujets trouvés sur la toile :

En compagnie de David DOUILLET

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La force tranquille …

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Revue Echappement de Février 1976

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1969, Jean-Luc THERIER : le 6ème sens…

En cette période de « pause », le Monte-Carlo reste mon sujet préféré et l’aborder une nouvelle fois est encore une fois passionnant. La classique Monégasque est la manche la plus attendue du calendrier, la plus incertaine, la plus compliquée. Les difficultés y sont multiples, le parcours truffé de pièges met en exergue le talent brut et le sens de l’improvisation des plus grands pilotes.

Rendre une copie parfaite sur ce genre de terrain est mission quasi – impossible, sauf pour quelques acrobates d’exception ! C’est un « rallye de bonhommes » et pour nombres de pilotes, à l’image de Walter Rohrl, remporter le Monté Carl’ revêt une valeur particulière, son prestige est sans égal, pas même celui d’un titre de champion du monde !

En rallye, la fiabilité et la régularité dans la haute performance sont des qualités rares mais sur les routes du Monté Carlo, où le terrain et le grip changent sans cesse au gré des versants, de l’altitude, de l’heure de passage…seul une sorte de sixième sens permet de « rester vivant ». Un instinct, un don inné, une pré – disposition à l’équilibrisme qu’on retrouve, de Thérier à Ogier, chez tous les acrobates qui ont marqué cette épreuve. Des équilibristes qui savent lire et deviner le terrain, improviser, anticiper sans cesse et entrer dans un état extrême de concentration pour apprivoiser les changements de grip, la neige, la glace, la pluie, le verglas, la nuit, le brouillard, le froid…la peur parfois.

Pour gagner le Monté Carlo, il faut être rapide bien sûr mais il faut surtout réunir toutes les qualités requises au plus haut niveau et surtout : n’avoir aucun point faible ! Il faut être plus qu’un grand pilote, un champion complet ! C’est le juge de paix, la quintessence du rallyman, le Graal de la discipline!

Sur ces routes légendaires, chaque mois de janvier, des hommes écrivent l’histoire et deviennent des héros. Ceux qui furent les plus forts ici peuvent gagner partout : Auriol, Loeb et Ogier n’ont-ils pas gagné des épreuves aussi différentes que la Corse ou les Mille Lacs ?

Pour moi, en 88 éditions, le Monté Carlo a révélé nombre de pilotes talentueux, de Waldegard à Bouffier en passant par Munari, Vatanen, Biasion, Delecour et d’autres mais surtout – de mon point de vue – 7 rallymen hors – normes, 7 merveilleux champions, 7 orfèvres du pilotage. Ils ont tous en commun d’y avoir fait des débuts extraordinaires en étant immédiatement très rapides, maitrisant parfaitement les spécificités du parcours tout en étant – quasiment- exempts d’erreurs ! Ils ont réussis l’Exploit Majuscule. L’histoire aurait forcément été différente et surtout moins belle si ces destins incroyables n’avaient pas croisés les routes du Monté Carlo.

Alors que Bjorn Waldegard effectue un véritable récital et impose sa Porsche 911, une petite R8 Gordini Gr.1 dessine de magnifiques arabesques sur l’asphalte, la glace et la neige de cette impitoyable édition 1969. Le virtuose qui est au volant réalise un grand numéro de voltige et le ballet ininterrompu de survirage et de glisse réchauffe l’atmosphère hivernale et les milliers de spectateurs postés au bord des routes d’Ardèche et du Vercors. Le spectacle est magnifique, le chrono n’en revient pas. La petite R8 va rallier l’arrivée à une incroyable 5ème place scratch ! « Jean Luc est le meilleur d’entres nous… » dira Rorhl plus tard… « Jean Luc fut le plus doué de tous… » diront aussi Todt, Fréquelin et Ragnotti… Jean Luc c’est bien sûr Jean Luc Thèrier. A 23 ans, le jeune Normand découvre l’épreuve au volant d’une petite R8 Gordini Gr.1 et les conditions extrêmement changeantes permettent au funambule d’entrer par la grande porte dans la légende de l’épreuve. Après des débuts fracassants en rallye en 1968, les observateurs attendaient avec impatiente ce Monté Carl’ pour y voir Jean Luc confirmer son potentiel hors norme. Il faut dire que plus les conditions sont difficiles et plus la nouvelle pépite du rallye français arrive surclasser tout le monde. Certains avaient en mémoire le Lyon Charbo 68 où le p’tit débutant Thérier avait signé, au volant de sa R8 Gord’ Gr.1, le scratch sur la neige de « Riotord – St Bonnet le Froid » devant toutes les grosses autos…Un signe !

Ce surdoué de l’improvisation, ce génie du pilotage ne connaitra jamais le sacre suprême sur ces routes mais il y a écrit quelques pages mémorables de son parcours. Il finira 2ème de l’édition 1971 au volant d’une A110 1600…Effectua des chronos stratosphériques au volant d’une Golf Gr.2 de 162cv préparée par Cresson en 1979, année où Jean Luc domina la classe et Guy Fréquelin tout en intégrant le top 10… avant d’abandonner ! Surtout, il aurait DU gagner en 1981 au volant de la Porsche Alméras sans la glace déposée par des c… ! Sur la neige il tenait régulièrement le rythme de l’Audi Quattro de Mikkola…C’est un autre immense Monsieur et grand négociant en virages de génie, Jean Ragnotti, qui remportera l’épreuve.

Jean Luc montera sur le podium en 82, il fut le premier leader en 83 au volant d’une R5 Turbo avant d’abandonner alors qu’il livrait un combat mémorable avec Walter Rohrl. Et que dire de la prestation du Normand en 1984 ? Sur la neige, Thérier est au final devancé par les 3 Audi Quattro mais il réussi l’exploit de dominer parfois leurs pilotes Blomquist et Mikkola. Seule la Quattro de Rohrl le devance alors. Les autres propulsions de Bettega, Biasion, Alen, Saby sont loin !…

En 1985, la carrière du virtuose Normand est stoppée nette sur le Paris Dakar. Cet accident, ses circonstances, ses conséquences furent dramatiques pour Jean Luc. Pour tous ses fans, il y a eu avant et après janvier 85. Jean Luc Thérier reste pour moi la référence absolue, c’est le Rallye avec un grand R, celui que j’aime. Mais l’histoire de Jean Luc Thérier ça reste aussi une symphonie inachevée. Pour moi, il demeure inégalable.

Il faudra attendre 1989 pour voir débarquer à Monté Carlo celui qu’on peut désigner comme son héritier…

A l’heure où les jeunes espoirs qui débarquent en mondial passent des heures à visionner les caméras embarquées d’Ogier en espérant devenir champion du monde, il est bon de rappeler qu’en rallye, dieu merci, rien ne remplace l’instinct, le feeling. Jean Luc Thérier avouait ne passer qu’une seule fois en reconnaissance…pour vérifier les notes prêtées par ses équipiers !… Autre époque ? Surement mais pas seulement ! Le génie de Jean Luc Thérier résidait dans cette aptitude à l’anticipation, ce « sixième sens » qu’on possède…ou pas ! Un don précieux et rare.

Irremplaçable !
Thérier c’était et c’est toujours ce sens inné de l’improvisation, le Talent brut absolu. C’est le modèle, le précurseur, la référence!

 

Dans :
Par alpinea310montecarlo1975jeanluctherier
Le 16 janvier 2013
A 13 h 24 min
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